Chapitre 4

 

 

Adam était de service le samedi, je ne fus donc pas surprise de ne pas avoir de ses nouvelles. Quelles que soient les recherches qu’il avait prévu de faire sur Tommy Brewster, elles seraient sans doute confidentielles et il ne s’y attellerait sûrement pas avant le lendemain. Ce qui ne m’empêchait pas de ronger mon frein. J’étais en effet trop désireuse de trouver une excuse pour annuler mon programme de la soirée : un dîner avec Brian.

Je lui avais à peine adressé la parole depuis qu’il avait aidé Lugh à tuer mon père. Il avait appelé à plusieurs reprises et j’avais même répondu une ou deux fois, mais mes émotions avaient été bien trop à vif pour que nous puissions avoir une véritable discussion. J’étais absolument incapable de savoir ce que j’éprouvais pour lui… Pourtant, sous toutes les autres couches de sentiments, je sentais bien que je l’aimais toujours.

Ou, du moins, j’aimais encore l’homme que j’avais cru connaître. Seulement je n’étais plus tout à fait sûre que cet homme existait.

Jusqu’à cette soirée terrible, j’avais toujours considéré Brian comme la quintessence du boy-scout : vertueux, gentil, et respectueux de la loi. Jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse prendre part à la mort effroyable de mon père et c’était la désillusion, plus que l’acte en lui-même, qui me projetait dans un tel abîme d’incertitude.

Quand Brian m’avait invitée à venir dîner chez lui afin que nous puissions parler, ma première réaction avait été de refuser. Je suis du genre à toujours suivre mes intuitions, mais Brian est avocat, et un bon avocat, et chaque fois que je me laissais entraîner dans une dispute – ou une « discussion », comme il dit –, je perdais invariablement. Voilà pourquoi j’avais fini par lui promettre d’aller chez lui ce soir-là à 19 heures.

Je ne suis pas ce qu’on appelle une fille féminine et cela ne me ressemble pas du tout de passer vingt minutes à me demander comment je vais m’habiller. Mais c’est ce que je fis malgré tout… même si ma garde-robe était sérieusement limitée depuis que tout ce que je possédais était parti en fumée. Je savais que je ne faisais que repousser le moment du rendez-vous, mais j’étais incapable de m’en empêcher.

Je finis par choisir un jean noir taille basse et un tee-shirt vert en soie moulant qui allait parfaitement avec mes cheveux roux. C’était – d’après moi, au moins – d’un genre sexy discret. Pas une tenue qui criait « baise-moi », mais pas non plus une tenue qui disait « bas les pattes ».

Je complétai le tout d’une paire de sandales en cuir noir, avec juste assez de talon pour empêcher le bas de mon pantalon de traîner par terre. Après un coup d’œil final dans le miroir en pied fixé au dos de ma porte de salle de bains, je décrétai que je ne pouvais rien faire de plus. Je consultai alors ma montre et constatai que j’avais déjà un quart d’heure de retard.

Jurant à voix basse, je me précipitai vers la porte… mais pas avant de vérifier que les batteries de mon Taser étaient rechargées. L’appartement de Brian se trouvait à six blocs du mien. Vu mon retard, peut-être aurais-je dû prendre la voiture, mais je préférai parcourir la distance des six pâtés de maisons d’un pas énergique.

Quand j’arrivai chez lui, les lanières de mes sandales avaient fait naître des ampoules entre mes orteils – ce n’étaient pas les meilleures chaussures pour de la marche – et j’étais sûre d’avoir mâchouillé tout mon rouge à lèvres. J’inspirai plusieurs fois profondément pour me calmer – comme si cela avait une chance de fonctionner – avant de sonner à la porte.

Je m’attendais que Brian soit agacé. À force d’hésitations, j’avais réussi à être plus d’une demi-heure en retard et j’avais été trop préoccupée pour penser à l’appeler. Mais il se contenta d’un simple haussement de sourcils quand il ouvrit la porte pour me laisser entrer. Je déglutis en passant le seuil. J’étais une adulte responsable. Les adultes responsables ne fuient pas les conflits comme des fillettes apeurées. D’accord, peut-être que je n’étais pas vraiment une adulte responsable.

Contrairement à ceux de Dominic, les talents culinaires de Brian étaient en majeure partie limités à des plats simples comme des hamburgers et des spaghettis agrémentés de sauce toute préparée. Il avait décidé que cela ne suffisait pas pour ce soir-là. À Philadelphie, on trouve de très bons restaurants italiens tous les cent mètres et Brian avait commandé des plats à emporter dans l’un d’eux. La nourriture était encore chaude, ce qui prouvait qu’il n’était pas surpris que je sois en retard.

La tension grésillait et crépitait entre nous. Je m’agitai pendant que Brian mettait la table. Je constatai que nous allions dîner dans des assiettes en carton et je me demandai s’il essayait d’être aussi informel que possible dans sa vaine tentative de me mettre à l’aise ou s’il avait peur de ce que je pourrais faire s’il posait de la vaisselle cassable devant moi.

Quand enfin nous nous assîmes, mon estomac était tellement noué que je doutais d’être capable d’avaler quoi que ce soit. Brian avait à peine parlé, mais j’étais tout à fait consciente de son regard scrutateur. Je coupai un morceau d’aubergine au parmesan, mais l’idée de le porter à ma bouche me donna la nausée.

Mon visage devait laisser transparaître mes émotions – ce qui était assez habituel chez moi – car Brian repoussa son assiette et s’empara de ma main.

— C’est ma faute, dit-il doucement. J’aurais dû savoir que nous aurions besoin de soulager notre tension avant de manger.

J’expirai en souhaitant que la tension me quitte avec l’air de mes poumons, avant de m’affaler sur ma chaise. Doucement, je libérai ma main de celle de Brian et repoussai mon assiette. Je ne pouvais affronter ses yeux marron whisky, j’avais peur de ce que j’y verrais.

— On peut essayer, dis-je. Mais tu sais que je n’aime pas ça.

Bien que je n’aie pas encore trouvé le courage de lever les yeux vers lui, je devinai qu’il fronçait les sourcils.

— Qu’est-ce que tu entends par « ça » ?

Je me tortillai sur place.

— Parler.

— Ah oui, je sais.

Cela me fit grimacer et je finis par le regarder.

— Tu n’es pas obligé d’être d’accord, marmonnai-je.

Un des coins de sa bouche se releva en un sourire ironique.

— Tu n’aurais pas apprécié que je mente.

— Le silence, c’est toujours bien.

— Oui, et ça a bien marché pour nous.

Ne jamais se disputer avec un avocat. C’est perdu d’avance.

— Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Brian ? Que cela ne me fait rien que tu aies aidé Lugh à tuer mon père ? Eh bien, cela me fait quelque chose et tu le sais.

Brian se pencha en avant, les coudes appuyés sur la table, et me regarda intensément.

— Tu as raison, je le sais. Mais si c’était à refaire, cela ne changerait rien. Si nous avions laissé ce démon retourner au Royaume des démons avec tout ce qu’il savait, tu serais déjà morte. Je préfère que tu me haïsses plutôt que te perdre.

Je roulai les yeux.

— Je ne te hais pas, dis-je, bien que je sache qu’il me manipulait pour que j’en arrive à cette conclusion.

Il haussa les épaules.

— Peut-être pas, mais pour le moment, tu me détestes intensément.

Malgré ma confusion d’esprit, je ne pouvais imaginer haïr Brian. Je pouvais être déçue et j’avais supposé des choses à son sujet qui s’étaient révélées fausses mais, quelles que soient ses erreurs, c’était vraiment un type gentil. Du moins, j’en étais sûre. L’avais-je mis sur un piédestal pendant tout ce temps en ne voyant que ce que j’avais envie de voir de lui ?

J’attrapai la serviette en papier posée sur mes genoux et entrepris de la réduire calmement en lambeaux.

— L’homme que je pensais connaître n’aurait jamais pris part à un meurtre. Tu n’as même pas menti à la police pour me fournir un alibi quand on m’a arrêtée pour exorcisme illégal.

Il laissa échapper un long soupir douloureux.

— Je n’ai pas menti parce que j’aurais pu être pris en flagrant délit de mensonge et que cela t’aurait rendue davantage coupable. Écoute, je n’aime pas ce que j’ai fait. Rien que le fait d’y penser me rend malade. Mais je t’aime. Je t’ai toujours aimée. Comment aurais-je pu te laisser foutre ta vie en l’air comme ça ?

Bien entendu, il avait raison. Der Jäger, le démon qui avait possédé mon père, devait mourir. Pas seulement pour ma sécurité mais pour celle de Lugh. Si Lugh mourait et que Dougal montait sur le trône, il mettrait tout en œuvre pour réduire la race humaine en esclavage. C’était trop risqué de laisser der Jäger en vie. D’une certaine façon, Brian m’avait même rendu service en aidant Lugh à prendre le contrôle afin que je ne sois pas directement responsable de la mort de mon père. La logique me disait que je n’avais aucune raison d’en vouloir à Brian. Maintenant, si les émotions obéissaient à la logique…

Je pinçai l’arête de mon nez, sentant monter une migraine qui n’avait rien à voir avec Lugh. La serviette reposait sur la table en fines bandelettes. Je luttai contre l’envie de déchirer ces bandes. Je dus ravaler une boule douloureuse dans ma gorge avant de pouvoir parler.

— Je sais tout ça, d’accord ? Je comprends pourquoi tu as agi ainsi et je sais que tu as eu raison, mais il semble que je n’arrive toujours pas à l’accepter.

Je ne suis pas aussi gentille que Brian. Je nourris mes rancœurs et mes colères comme un enfant gâté. Qu’un homme comme lui puisse aimer une femme comme moi dépasse mon entendement.

La chaise de Brian grinça sur le sol quand il s’écarta de la table, et je grimaçai. Était-il sur le point de reprendre ses esprits et de se laver les mains de toute cette histoire ? Mon estomac se resserra de terreur.

Je devais avoir l’air angoissée. Brian m’adressa un demi-sourire réconfortant puis contourna la table pour se poster derrière ma chaise. Quand j’essayai de me lever, il posa fermement ses mains sur mes épaules et me maintint en place. Je sentis la chaleur de son souffle sur ma nuque quand il se pencha sur moi.

— Peut-être devrions-nous faire autre chose que parler pour soulager la tension, murmura-t-il.

Il me mordilla doucement le lobe de l’oreille juste au cas où je n’aurais pas compris où il voulait en venir.

Je m’efforçai de protester avec cohérence. C’est certain, nous n’aurions certainement pas dû penser au sexe alors que tant de questions restaient sans réponse entre nous. Je laissai même échapper un grognement rauque qui ressemblait au début d’un mot. Puis il fit glisser ses mains de mes épaules à mes seins et la protestation mourut dans ma gorge.

— Il existe toujours plusieurs manières de s’attaquer à un problème, chuchota Brian béatement tandis que mes tétons pointaient.

Malgré moi, mon dos se cambra sous le plaisir provoqué par ses caresses. D’après mon esprit, c’était une très mauvaise idée, mais mon corps s’en fichait. J’essayai encore une fois de me lever, imaginant que c’était le moment de déplacer l’action dans la chambre, mais Brian referma les mains sur mes seins et m’immobilisa. C’était étrange d’être maintenue en place de cette manière, mais je risquais de me faire mal si je tentais de me lever sans qu’il me lâche, ce qu’il ne semblait pas disposé à faire.

Contre toute logique, la moiteur envahit mon entrejambe. J’essayai de parler, de dire n’importe quoi, mais ma gorge était trop serrée, mon souffle trop court.

Quand il sentit que je capitulais, Brian relâcha son emprise, pétrissant un sein d’une main tandis que l’autre descendait plus bas pour remonter mon tee-shirt. Je n’avais pas imaginé avoir à me dévêtir devant Brian ce soir-là, aussi je portais un soutien-gorge ultrapratique couleur chair plutôt qu’un de mes modèles plus sexy. Cela ne sembla pas le gêner. Il me mordillait le lobe, sa langue visitant par intermittence la caverne de mon oreille tandis qu’il s’emparait de nouveau de mes seins.

Je me poussai contre ses mains en gémissant, ma peau prenait vie sous ses caresses. Ce fichu soutien-gorge se fermait dans le dos – encore une preuve que je n’avais pas prévu de baiser ce soir-là – mais, au lieu de prendre la peine de l’ouvrir, Brian se contenta d’en soulever les bonnets. Comme je ne suis pas ce qu’on appelle une planche à pain, l’armature imprima une pression douloureuse sur ma poitrine quand il fit passer le sous-vêtement sur la partie la plus pleine de mon anatomie. J’ouvris la bouche pour m’en plaindre, mais mes seins furent aussitôt délivrés de leur entrave et les mains de Brian retrouvèrent leur place. J’oubliai tout des raisons de ma protestation.

Brian a toujours été un amant fantastique et l’alchimie fonctionnait à ce point entre nous qu’il lui suffisait d’un regard provocant pour que je mouille ma culotte, mais ce soir, il était… différent. Il jouait avec mes tétons, les tirait et les pinçait, provoquant une sensation entre la douleur et le plaisir.

Puis soudain, passant un bras autour de moi juste sous mes seins, il me mit debout et repoussa d’un coup de pied la chaise qui nous séparait. J’eus le souffle coupé quand la chaise traversa la salle à manger avant de percuter le mur avec fracas. Brian enfouit son visage dans ma nuque. Sa langue suivait la veine qui y palpitait tandis qu’il me serrait contre lui, collant son érection contre ma croupe.

Sentir son excitation, malgré les couches de vêtements entre nous, m’arracha un autre gémissement. Je voulais me tourner, verrouiller ma bouche à la sienne et entourer sa taille de mes jambes, mais il me serrait trop fort et son étreinte ne se relâcha pas, même quand il se rendit compte que je souhaitais faire volte-face. Un frisson parcourut mon dos et je ne sus si c’était d’excitation ou de malaise.

J’oubliai de m’en soucier quand Brian entreprit de descendre la fermeture Éclair de mon jean. Ma culotte était tout aussi pratique que mon soutien-gorge, mais je doute qu’il eût prêté la moindre attention aux sous-vêtements les plus sexy en cet instant. Son souffle était chaud et rapide dans mon cou et il émit de petits bruits affamés de fond de gorge quand il fourra sa main entre mes cuisses.

J’étais tellement mouillée que c’en était embarrassant, mais Brian semblait approuver. Il me caressa, fort, et je tentai de passer la main dans mon dos pour lui attraper la queue. À ma grande surprise, il arrêta mon mouvement en abaissant mes épaules vers la table.

Par réflexe, je stoppai ma chute en m’appuyant sur la paume de mes mains. J’essayais encore de retrouver l’équilibre quand Brian baissa mon jean et ma culotte jusqu’aux genoux et m’écarta les jambes aussi largement que possible… ce qui était peu, étant donné le jean serré.

L’air s’échappait en sifflant de mes poumons et mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je perçus le bruit familier d’une fermeture Éclair qu’on baisse et le son tout aussi distinct d’un emballage de préservatif qu’on déchire. Je respirais si vite que j’étais au bord de l’hyperventilation.

Brian ne m’avait jamais prise par-derrière. Jamais. Je n’appréciais pas trop cette position et Brian était trop gentil – et un trop bon amant – pour insister sur le sujet. Mais pas besoin d’être un génie pour deviner ce qu’il s’apprêtait à faire.

En fait, ce n’est pas tant que je n’appréciais pas la position : je la détestais. Je me sentais trop… soumise. La partie de mon cerveau qui s’occupait de ce genre de choses m’assura que, peu importait le comportement étrange de Brian, si je lui demandais d’arrêter, il le ferait. J’essayai de parler, de me lever, de refermer les jambes. Mais sur le moment, les besoins de mon corps surpassaient ceux de mon cerveau et je restai dans la position dans laquelle Brian m’avait installée.

La sensation de son sexe glissant en moi releva à la fois du paradis et de l’enfer. D’un côté, il avait toujours l’air tellement à sa place en moi, comme si sa queue avait été spécialement conçue pour mon sexe. Toutes les terminaisons sexuelles de mon corps chantaient de plaisir. De l’autre côté, j’étais ignominieusement pliée sur la table de la cuisine à contempler une assiette froide pleine d’aubergine au parmesan tandis que mon gentil et doux Brian me baisait brutalement par-derrière.

Les émotions se rebellaient en moi, se percutant et s’enchevêtrant de manière si sauvage que je n’aurais su en nommer une seule. J’essayai de ne pas verrouiller mes genoux et mes coudes pour résister aux assauts de Brian… J’avais la tête qui tournait déjà et j’étais dans un état second proche de la perte de connaissance.

Une goutte de sueur coula le long de mon visage, mais je la sentis à peine tant je me concentrais sur l’endroit où Brian et moi nous rejoignions. Les autres émotions devinrent sans importance tandis que la tension montait en cet endroit, s’enroulant sur elle-même de manière de plus en plus serrée, jusqu’à ce que je ne puisse plus me tenir sur le bord de ce précipice plus longtemps. Et pourtant j’étais là, à attendre la chute, à espérer la chute, presque incapable de respirer tant mon besoin était intense.

Quand la boucle se desserra enfin, je hurlai, incapable de contenir le plaisir : vague après vague, il affaiblissait mes genoux jusqu’à ce que je ne puisse plus tenir debout. J’entendis vaguement Brian atteindre sa propre jouissance, son cri comme l’ombre du mien.

Il me fallut attendre la disparition de la dernière vague de plaisir pour reprendre conscience du reste de mon corps. J’étais trempée de sueur, frissonnant dans un courant d’air qui n’était qu’en partie réel. Mes bras et mes épaules me faisaient mal tant je m’étais tendue et l’élastique de mon soutien-gorge encore attaché creusait douloureusement ma chair au-dessus de mes seins.

Brian se retira et j’essayai de me relever, mais mes genoux vacillèrent. S’il ne m’avait pas rattrapée d’une main, je jure que je me serais effondrée.

J’avais du mal à digérer ce qui venait de se passer entre nous, j’avais du mal à croire que c’était vrai. Je bataillais pour trouver les mots mais, avant que je parvienne à formuler une pensée cohérente, Brian m’avait prise dans ses bras pour m’emporter dans la chambre. Là, il me déshabilla et m’installa dans son lit avant de m’y rejoindre et de me serrer dans ses bras, redevenant le doux et gentil amant que je connaissais. Et alors que je tremblais encore, en proie à la confusion, Brian – si typiquement masculin – s’endormit aussitôt.

Je restai allongée près de lui jusqu’à ce que ses ronflements me confirment qu’il était plongé dans un sommeil profond. Il devait être épuisé par l’intensité de notre étreinte. Je l’étais également, mais j’étais loin d’être assez détendue pour dormir. Au lieu de quoi, je m’extirpai de sous son bras, allai me laver un peu et m’habillai.

Mon corps était irrité et douloureux. Je sortis de la chambre et refermai en silence la porte derrière moi. Notre prétendu dîner se trouvait encore sur la table de la cuisine, les odeurs mélangées du sexe et de la cuisine italienne formant une combinaison inhabituelle, c’était le moins qu’on puisse dire. Hébétée, je me laissai tomber sur le canapé de Brian en essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

Brian ne s’était jamais comporté de cette manière auparavant. Oh, de temps à autre, nous avions eu une bonne séance de baise au lieu de nos tendres câlins. La dernière fois que nous avions fait l’amour, j’en avais gardé des bleus sur les poignets. Mais cette fois-là, cela n’avait pas été intentionnel, mais le résultat de la passion du moment et de notre frustration sexuelle. Ce qu’il avait fait ce soir m’avait vraiment paru intentionnel… et prémédité. Était-ce parce qu’il m’en voulait de lui en vouloir ?

Mais non, malgré son comportement dominant et brutal, je savais qu’il n’y avait eu aucune colère. Alors qu’est-ce qui l’avait poussé à me prendre de cette manière ? Et comment avait-il pu deviner qu’une accro du contrôle comme moi allait le laisser faire ?

Je suffoquai quand un horrible soupçon s’immisça dans mon esprit.

Quelle était la personne qui me connaissait et me comprenait assez, en dépit de tous mes masques, pour deviner qu’une petite séance de domination pourrait m’exciter ? Mais non. Il n’oserait pas fourrer son nez dans ma vie amoureuse comme ça ! Brian avait dû deviner tout seul. C’était, après tout, un amant fantastique.

La main tremblante – car je ne voulais pas croire à ma propre logique –, je me déplaçai sur le canapé pour atteindre le téléphone de Brian, puis je commençai à parcourir sa liste d’identification d’appels. Il ne me fallut pas longtemps pour trouver ce que je cherchais : un appel depuis mon numéro, passé à 3 heures ce matin, alors que je dormais.

— Va au diable, Lugh, marmonnai-je tandis que cette bonne vieille colère envahissait mon système.

Là, maintenant, si j’avais pu l’exorciser et l’expédier au Royaume des démons, je crois que je l’aurais fait, peu importent les conséquences pour l’espèce humaine.

Confiance Aveugle
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